Des murs pour absorber les sons, un éclairage uniforme, un sol de même couleur. En Seine-Saint-Denis, un hôpital de jour accueille depuis novembre une quarantaine d’enfants autistes très touchés par ce handicap, dans des locaux "sur mesure".
Les "Hirondelles", un bâtiment de 1.800m² flambant neuf, a ouvert en novembre 2016. ©BERTRAND GUAY / AFP
Les premières fois qu’elle est venue déposer son fils Omar, trois ans et demi, dans les anciens bâtiments de l’hôpital, Zinaba a eu l’impression “que les autistes étaient cachés dans un endroit sombre et sale”. Froid, aussi, l’obligeant à mettre “beaucoup de vêtements” à son petit garçon qui “s’accrochait” à elle, ne touchait à rien.Un bâtiment neuf et adaptéDepuis novembre et l’ouverture des “Hirondelles”, un bâtiment de 1 800 m2 flambant neuf, Omar “court partout, touche à tout”. Sa mère, âgée de 27 ans, le sent “plus paisible et plus à l’aise“.Ici, tout a été pensé pour créer un environnement harmonieux, sans “rupture sensorielle”, précise le chef du service, Noël Pommepuy.”Une priorité“, explique-t-il. De nombreux enfants souffrant d’
autisme souffrent en effet de troubles de la perception: le bruit ambiant, la lumière trop vive peuvent être ressentis comme des agressions, nuire à la concentration et générer des difficultés de comportement.Une rupture avec les anciens locauxDans les anciens locaux, se souvient le médecin, “les enfants pouvaient passer en été d’une pièce où il faisait 25°C à un couloir où il faisait 40°C. Quand on ouvrait la porte, ils avaient d’énormes troubles du comportement. A l’époque, c’était avant les études sur les troubles sensoriels, on avait du mal à comprendre, on pensait que c’était dû à une difficulté à sortir.“Une salle pour se relaxer et stimuler les sensL’hôpital, qui dépend de l’établissement public de santé mentale de Ville-Evrard à Neuilly-sur-Marne, a aussi aménagé une salle dite “Snoelzen”, du nom d’un concept néerlandais. Dans cette pièce aux allures psychédéliques, les enfants peuvent s’installer sur un matelas à eau ou actionner différentes sources de lumière, pour se relaxer et stimuler leurs sens.Aux “Hirondelles”, les petits sont pris en charge par des pédopsychiatres, psychologues, éducateurs spécialisés, etc. Ils peuvent suivre des ateliers d’orthophonie ou de motricité, d’arts plastique, de musique… Des enseignants sont également détachés dans l’hôpital. Les enfants y restent en moyenne quatre ans avant d’être orientés pour la majorité vers des établissements médico-éducatifs (IME).Une prise en charge précoce et intensiveLe plus jeune patient a deux ans. Depuis une quinzaine d’années, le service s’est orienté sur la prise en charge “précoce et intensive”, qui peut enrayer beaucoup de troubles autistiques, détaille le Dr Pommepuy. Mais pas assez de placesReste que le nombre de demandes, dans ce département francilien qui souffre d’un déficit d’équipements et cumule les difficultés sociales, oblige l’hôpital à “prioriser” les cas les plus sévères.Un nouveau-né sur 100 serait atteint d’autisme ou autres troubles envahissants du développement, estime-t-on sur la base d’études internationales.”Globalement, l’Ile-de-France n’est pas une région hyper-équipée“, reconnaît Catherine Isserlis, référente pour la psychiatrie et la santé mentale à l’Agence régionale de santé (ARS). Mais des “plateformes de diagnostic de proximité vont être mises en place” et le “manque important de places en médico-social tend à être rattrapé”, ajoute-t-elle, en saluant le “haut niveau de compétences” de l’hôpital.Des approches éducatives à améliorerVincent Dennery, président du Collectif autisme, reconnaît “l’effort sur la prise en compte des aspects sensoriels de l’autisme“, mais se dit “réservé” sur les “approches éducatives” mises en place dans ce lieu.Dans le hall de l’hôpital, Belma, 35 ans, mère de Maëlys, six ans et demi, témoigne en tout cas de son soulagement de voir sa fille prise en charge, après “un an” de “galère”. “Écoles publiques, privées, personne ne voulait de nous“, raconte-t-elle.Cadeau du cielAlors, “quand l’hôpital a accepté ma fille, je me suis dit: c’est un cadeau du ciel“. D’autant plus depuis que les anciens locaux, qui lui faisaient penser à “un film d’horreur“, ont laissé place au nouveau bâtiment.Click Here: NRL Telstra Premiership