L’ancien candidat, qui préside l’association Shams, explique à franceinfo Afrique pourquoi il choisit le patron de Nessma TV, Nabil Karoui, récemment libéré de prison et opposé au 2e tour de la présidentielle à l’universitaire Kaïs Saïed. Selon l’avocat, qui a rencontré Nabil Karoui pendant son incarcération d’un mois, ce dernier lui a expliqué qu’il était favorable à la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie.franceinfo Afrique : comment jugez-vous cette élection présidentielle ?Mounir Baatour : le jeu démocratique n’a pas été respecté. L’incarcération de Nabil Karoui l’a empêché de mener campagne. Cette personnalité proche du peuple n’a pas pu sillonner le pays pour donner son programme. Son incarcération a complètement faussé le jeu.Vous avez appelé à voter pour lui…Oui, car Karoui a un discours contre la pauvreté et la misère dans un pays où la classe moyenne est très touchée par la baisse du pouvoir d’achat. On assiste à un nivellement par le bas. Les solutions qu’il préconise sont des solutions réelles : il a ainsi évoqué la création d’une instance nationale contre la pauvreté. Il a parlé des régions les plus deshéritées, de la sortie précoce des enfants des écoles à cause de la pauvreté. Il veut que les Tunisiens mangent à leur faim.
Il est homophobe, mysogine, xénophobe, ignare. Il est presque autiste ! Il donne l’impression de quelqu’un de cultivé en s’exprimant comme une machine dans un arabe classique que personne ne comprend. Dans ses cours, à l’université, il a une réputation de rigidité et de monotonie. Sur Facebook, on l’appelle “Robocop“.Dans le même temps, il est trop proche des salafistes obscurantistes. Son programme n’est pas clair. Il veut toucher aux institutions. Il veut ainsi supprimer les législatives en créant des comités locaux de démocratie directe à la Kadhafi. C’est un très grand danger pour la démocratie en Tunisie !Pour finir, j’ai une proposition à faire à Kaïs Saïed. Il a dit que les homosexuels sont des malades. Admettons. Dans ce cas, nous lui disons : “Des malades comme les diabétiques, les cardiaques, on les soigne avec des médicaments. Alors, si l’homosexualité est une maladie, donnez-nous un médicament pour la soigner. Et vous aurez le prix Nobel de médecine !”