Après la Charte de l’environnement, le gouvernement vient de présenter le plan national santé environnement. Destinées à réduire les effets de la pollution de l’air, de l’eau et des produits chimiques sur notre santé, 45 actions phare ont été annoncées. Découvrez les principales mesures de ce programme.
La présentation du plan national santé environnementfait suite à l’adoption par l’Assemblée Nationale dela Charte de l’environnement qui doit être inscrite enpréambule de la Constitution. Ce texte consacre le droit devivre dans un environnement équilibré et favorableà la santé et le devoir de prendre part à sapréservation et à son amélioration.Il y a urgence à agir !Pas moins de cinq ministres ont présenté le 21 juinle Plan national santé environnement(1). En plus du PremierMinistre Jean-Pierre Raffarin, étaient appelés enrenfort Philippe Douste-Blazy, le ministre de la santé,Serge Lepeltier, ministre de l’écologie et dudéveloppement durable, Jean-Louis Borloo, ministre de lacohésion sociale et François Fillon, ministre del’éducation nationale. Une telle distribution devaitpermettre de souligner qu’il est urgent d’agir :
– 30 000 décès anticipés par an sontliés à la pollution atmosphérique urbaine;
– 7 à 20 % des cancers seraient imputables à desfacteurs environnementaux ;
– 14 % des couples consultent pour des difficultés àconcevoir, des difficultés qui pourraient êtreliées à des expositions à des substancestoxiques pour la reproduction ;
– Près d’un million de travailleurs seraient exposésà des substances cancérogènes ;
– La qualité de l’eau dans le milieu naturel sedégrade de manière continue ;
– L’évaluation des risques liés aux substanceschimiques est insuffisante, les capacités d’expertisefrançaise trop peu développées ;
– Les risques liés aux expositions dans les locaux sont malconnus alors que la population y séjourne environ 80 % deson temps ;
– Pour prendre à bras le corps ces problèmes, legouvernement a donc élaboré un plan quinquennalcensé rendre notre environnement plus respectueux de notresanté.Trois objectifs, 45 actions, 12 prioritaires… et seulement 30millionsAu programme : trois objectifs majeurs très louables, 45actions dont douze ont été identifiées commeprioritaires.1. Garantir un air et une eau de bonne qualité
– Réduire de 30 % les émissions de particules dieselsd’ici à 2010, via notamment un système incitatif de“bonus-malus“ en fonction de la pollution des véhiculesneufs. “Les véhicules les plus polluants,c’est-à-dire les plus émetteurs de particules fineset les plus consommateurs d’énergie, se verrontappliqués un malus, ce qui nous permettra de donner un bonusaux véhicules les moins polluants et les moins consommateursd’énergie“ a ainsi précisé Serge Lepeltier,ministre de l’Ecologie ;
– Diminuer les émissions aériennes de toxiquesindustriels d’ici 2010 ;
– Passer de 37 à 100 % des captages d’eau potableprotégés d’ici à 2010 ;
– Mieux connaître la qualité de l’air et renforcer laréglementation ;
– Etiqueter 50 % des matériaux de construction mis sur lemarché en 2008.2. Prévenir les pathologies d’origineenvironnementales
– Réduire les expositions professionnelles aux substancescancérigènes, mutagènes et toxiques pour lareproduction (produits CMR) ;
– Renforcer la capacité d’évaluation des substanceschimiques dangereuses ;
– Renforcer la recherche scientifique.3. Mieux informer et protéger le public
– Informer le grand public et favoriser les débats citoyens,un enjeu coordonné par l’Agence française desécurité sanitaire environnementale ;
– Diminuer de 50 % le saturnisme infantile en 2008 ;
– Lancer d’ici 2008 une étude épidémiologiquesur 10 000 à 20 000 enfants, de la conception àl’âge adulte afin de juger de l’impact de l’environnement surleur santé ;
– Diminuer de 50 % les cas de légionellose d’ici à2008.Pour atteindre ces objectifs, le budget annoncé peut laissersceptique… “Nous partons sur un rythme annuel de 30 millionsd’euros de mesures nouvelles avec l’objectif d’atteindre le rythmeannuel de 100 millions d’euros, c’est le niveau qu’il nous fautatteindre“ a déclaré Jean-Pierre Raffarin sanspréciser dans quels délais…Un rendez-vous manqué ?Ce plan national santé environnement permet à laFrance de ne pas arriver les mains vides à la 4econférence ministérielle sur l’environnement et lasanté organisée par l’Organisation mondiale de lasanté, qui se déroule du 23 au 25 juin àBudapest.Mais certains experts regrettent déjà que cette“prise de conscience“ n’ait pas accouché d’un programme plusambitieux. Dans une interview accordée au Monde le 21 juin2004, le Pr. Belpomme professeur de cancérologie, estimaitque ce plan “bien qu’il représente un travailsérieux, est très insuffisant et trèsincomplet“.
Initiateur de “l’Appel de Paris“, l’Association pour la RechercheThérapeutique Anti-Cancéreuse (Artac) regrette de nepas y retrouver les recommandations lancées début maipar 76 personnalités, dont plusieurs prix Nobel, pour luttercontre les effets des produits chimiques sur la santé.Déléguée générale de l’Artac,Marie Vigorie met en cause la conception générale duplan Santé-environnement : “Ce plan traduit une prise deconscience politique essentielle du lien entre santé etenvironnement. Cependant, les principales mesures visent seulementà limiter les sources de pollution, à les rendremoins toxiques sans s’attaquer directement aux principales sources.Cette optique aboutit à l’absence de mesures radicalesréellement efficaces“. Enfin, elle dénonce :
– Le décalage entre la volonté affichée d’agiret la demande de nouvelles étudesépidémiologiques alors qu’une littératurescientifique déjà riche atteste de la nocivitéde certains polluants ;
– L’absence d’articulation entre ce plan et le plan cancer ;
– La limitation d’exposition aux produits CMR est trop restreinteau monde professionnel ;
– Le peu de référence au programme européenREACH d’homologations des produits chimiques ;
– Le manque de prise en compte des sources de pollution des eaux enparticulier des pesticides présents dans nombre de nappesphréatiques ou l’absence de prise en compte des risquesencourus par les enfants dans la définition de normestoxicologiques ou de valeurs seuils.
Face à un plan qui a trop voulu tenir compte desimpératifs économiques et des industriels, l’Artacespère que la conférence de Budapest permettra dedéfinir un réel plan d’action au niveaueuropéen avec un renforcement du principe deprécaution, en particulier pour les enfants. Selon unerécente étude(2), un décès d’enfant surtrois est imputable en Europe à l’impact global del’environnement sur leur santé.
En France, après d’âpres discussions àl’Assemblée nationale, c’est au tour du Sénat destatuer sur la Charte de l’environnement.David Bême
1 – Conférence de presse du 21 juin 2004
2 – Lancet 2004; 363: 2032-39Des sites pour aller plus loinComprendre le cancer pour mieux le combattre. Tel est l’objectif del’ARTAC, créée en 1984 par un petit nombre decancérologues et de chercheurs, d’anciens malades et debénévoles. L’association a lancé l’Appel deParis, déclaration internationale sur les dangers sanitairesde la pollution chimique. Pour en savoir plus,
rendez-vous sur leur site.Click Here: Putters